États-Unis : près d’un tiers des colonies d’abeilles décimées au cours de l’hiver 2012-2013

Planète

Près d’un tiers des colonies d’abeilles ont péri cet hiver

Près d’un tiers des colonies d’abeilles aux États-Unis ont été décimées au cours de l’hiver 2012-2013, sans qu’une raison particulière ait pu être dégagée, selon une étude réalisée par le ministère de l’agriculture américain (USDA) et des associations professionnelles, publiée mardi 7 mai.

 

La population d’abeilles a décliné de 31,1 % l’hiver dernier, selon les résultats préliminaires d’une enquête réalisée auprès de plus de 6 200 producteurs d’abeilles aux Etats-Unis par l’USDA, en collaboration avec l’association AIA (Apiary Inspectors of America) et Bee Informed Partnership.

 

CAUSES MULTIPLES DE SURMORTALITÉ

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Les abeilles connaissent depuis plusieurs années des taux de mortalité anormaux aux Etats-Unis.


Article paru dans l’édition du 02.05.13 DU MONDE

Ci-joint article du monde concernant l’interdiction de 3 pesticides par Bruxelles.

Bruxelles va suspendre pour deux ans trois insecticides tueurs d’abeilles
Article paru dans l’édition du 02.05.13
Les apiculteurs sortent vainqueurs de quinze ans de lutte contre les firmes agrochimiques
e vote s’est déroulé dans un contexte de vive tension, entre lobbying intense des firmes
agrochimiques et forte mobilisation du secteur apicole. Après quinze ans de luttes, c’est ce
dernier qui a eu gain de cause. La Commission européenne a annoncé, lundi 29 avril, qu’elle devrait
suspendre pour deux ans, à compter du 1er décembre, l’utilisation de trois insecticides sur quatre
grandes cultures (maïs, colza, tournesol et coton). Une première mondiale.
Les trois molécules – imidaclopride, thiaméthoxame et clothianidine – appartiennent à la famille des
néonicotinoïdes, insecticides parmi les plus utilisés au monde, tels le Cruiser ou le Gaucho. Depuis
de nombreuses années, ils sont mis en cause pour leur rôle dans le déclin des abeilles et des insectes
pollinisateurs (bourdons, papillons, abeilles solitaires, etc.).
L’annonce de Bruxelles fait suite à un vote du Comité permanent de la santé animale et de la chaîne
alimentaire sur la proposition de la Commission de bannir provisoirement les trois produits. Quinze
Etats membres se sont prononcés favorablement, dont la France et l’Allemagne, quatre se sont
abstenus et huit ont voté contre, dont l’Italie et le Royaume-Uni.
Le projet de suspension a été âprement combattu par Londres. Dans une lettre adressée à Syngenta –
qui commercialise des produits à base de thiaméthoxame -, révélée dimanche par l’hebdomadaire
The Observer, le ministre britannique de l’environnement, Owen Paterson, explique avoir été « très
actif » dans son opposition au moratoire proposé par Bruxelles. Et ajoute : « Nos efforts
continueront et s’intensifieront dans les prochains jours. » L’Allemagne, au contraire, a fini par
basculer en imposant toutefois à Bruxelles que les tests soient poursuivis sur les trois substances.
Comme une majorité d’Etats membres, Berlin avait voté en première instance, le 15 mars, contre le
moratoire. Avant de changer d’opinion en appel, dans le vote du 29 avril.
« Bien qu’une majorité des Etats membres soutienne désormais notre proposition, la majorité
qualifiée nécessaire n’a pas été atteinte, a cependant déclaré le commissaire européen à la santé des
consommateurs, Tonio Borg. La décision incombe désormais à la Commission. Du fait que notre
proposition est fondée sur un certain nombre de risques pour la santé des abeilles identifiés par
l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), la Commission avancera avec ce texte dans
les prochaines semaines. »
L’EFSA a rendu, en janvier, une évaluation des risques présentés par les trois molécules pour les
abeilles. Ses conclusions sont sans surprise défavorables aux agrochimistes. Fin 2003, le Comité
scientifique et technique de l’étude multifactorielle des troubles des abeilles (CST), mis en place par
le ministère français de l’agriculture, avait déjà rendu une expertise très négative sur l’imidaclopride.
Cette fois, l’expertise européenne a été l’objet d’intenses pressions. Plusieurs courriers adressés par
Syngenta à la direction générale de l’EFSA, rendus publics par l’organisation non gouvernementale
Corporate Europe Observatory (CEO), montrent que l’agrochimiste suisse a exigé, en vain, des
amendements à la position de l’EFSA, allant jusqu’à menacer certains de ses responsables de
poursuites : « Nous vous demandons de confirmer formellement que vous rectifierez le communiqué
d’ici 11 heures, écrivent des cadres de Syngenta à une responsable de l’EFSA, le 15 janvier. Sinon,
vous comprendrez que nous considérions des options légales. »
De l’autre côté, une mobilisation considérable a été organisée par les syndicats apicoles, ainsi que
des mouvements écologistes comme Greenpeace ou Pesticide Action Network. L’ONG Avaaz se
targue, elle, d’avoir obtenu plus de deux millions et demi de signatures pour l’interdiction des
néonicotinoïdes. Mais en dépit de la satisfaction des associations, certains chercheurs appellent à la
prudence. « Le moratoire partiel proposé est un bon début mais nous ne devons pas attendre qu’il
résolve tous les problèmes rencontrés par les abeilles, dit le biologiste David Goulson (université
du Sussex, Royaume-Uni). Cela prendrait plusieurs années avant que les néonicotinoïdes ne
disparaissent de nos sols, et ce même si le moratoire était total. » Ce qui n’est pas le cas : pour
certaines cultures et dans certaines conditions, ils continueront à être utilisés.
Stéphane Foucart