TÉMOIGNAGE J. CLAUDE

Après une vie professionnelle qui m’a conduit d’outilleur mouliste à Inspecteur d’Académie en 41 ans de travail, j’ai embrassé, à l’âge de la retraite arrivé, un nouveau projet lié à l’agriculture. Étant fils de paysans, les racines restent. C’est un retour aux sources dans ce coin de montagne que j’opère aujourd’hui en devenant paysan avec le statut de cotisant solidaire. Le premier stade de la planification de mon projet agricole est l’apiculture. Il a consisté à me familiariser avec la relation abeille-homme de ma région. J’ai pris les premiers contacts avec le rucher école « l’abeille noire du Salève » en 2014 mais il n’y avait plus de places et ce n’est qu’en 2015 que j’ai suivi la formation au rucher école. Cela m’a permis de trouver des personnes très impliquées pour enseigner « les bons gestes » dès le début et des compagnons de promotion très mobilisés. Les orientations de ce rucher école ainsi que l’accompagnement fourni sous forme de parrainage permettent de se lancer sans soucis et sans inquiétudes. En prenant de bonnes habitudes de travail basées sur le respect de l’animal et son bien-être, je n’ai pu que m’améliorer et d’être guidé vers la posture d’apiculteur crédible.

J’ai de la sorte pu appréhender la gestion de mes huit ruches actuelles, identifier les personnes avec qui je souhaitais travailler, quel matériel je souhaitais utiliser, ce qu’il était bon de faire et ce qu’il fallait éviter.

En ce qui concerne mon rucher, il sera composé à terme d’une ligne de 12 ruches réparties par groupe de 3. Ce rucher est abrité par la toiture du bâtiment et sera structuré sous forme de rucher semi-fermé. L’orientation de ce groupe de ruche est Sud-Est.

Seuls deux éléments de structure apparaissent sur le cliché ci-dessous les 2 autres sont en fabrication.

Un parc floral intéressant ainsi qu’un potager opulent et un verger d’une trentaine d’arbres fruitiers de type cerisiers pommiers poiriers cognassiers et diverses aubépines sauvages dans les haies voisines offrent aux abeilles de bonnes conditions pour butiner.

Les ruches que j’utilise sont de type Dadant 10 cadres avec des hausses 9 cadres. Je fabrique moi-même mes ruches et mes ruchettes car j’ai les compétences nécessaires en menuiserie, les machines pour les réaliser et le bois d’œuvre qui est du sapin local scié en planche de 27mm que je rabote à 24 mm. Ce bois est régional et à l’hiver 1999 une terrible tempête a saccagé une partie de nos arbres. J’ai donc mis de côté après avoir fait scié par une entreprise une bonne quantité de bois qui me permettra de passer allègrement mon activité de retraité apiculteur.

Ci-dessous un groupe de 2 ruches fabriquées par mes soins, l’une est brute pas encore traitée, l’autre dispose d’une couche d’huile de lin et sur la photo de droite les différents éléments qui composent une ruche soit, de gauche à droite, le toit, le couvre-cadres, le nourrisseur, la hausse 9 cadres, le corps de ruche de type Dadant 10 cadres et le fond qui provient de chez Nicot. La couverture du toit ainsi que celle de la marquise qui protège la planche d’envol sont en contreplaqué marine filmé ce qui explique cette couleur marron. Je les peints ensuite au niveau de la marquise avec différentes couleurs, cela permet peut être un repérage pour les abeilles mais rien n’est sûr.

Pour le choix de l’abeille, les critères idéaux à savoir production de miel élevée, douceur, faible tendance à essaimer, calme dans les rayons lors des visites de la colonie, résistante aux maladies, peu d’élevage de couvain pendant les périodes de disette de façon à conserver les réserves…. sont impossibles à obtenir et c’est un peu utopique de penser les atteindre un jour. En tant qu’auditeur au rucher école du Salève et que ce rucher est impliqué dans le processus de conservation de l’abeille noire locale, c’est donc tout naturellement que j’ai choisi cette abeille. Quant à la production de miel, c’est un art qui s’apprend au fil des ans sur le terrain en premier lieu. Je pense également que la production de miel ne se mesure pas à la quantité de ruches. De même il ne suffit pas de poser les ruches à proximité immédiate d’un champ de culture pour obtenir une bonne récolte. Tous ces éléments font que j’opte pour un rucher sédentaire, en partie abrité des intempéries avec la possibilité de fermer en hiver comme le faisait les anciens à nos altitudes. Mon idéal est de rendre le lieu de villégiature de mes insectes agréable où il leur fait bon vivre. Le contexte, pas de pesticides, flore alpine abondante et avec une grand amplitude de floraison, me semble judicieux. Je n’ envisage pas de transhumance et je ne prévois qu’une seule récolte par an, les floraisons arrivant tardivement vu l’altitude (960m). Pour la production d’essaims je travaille avec la méthode de l’éventail dite méthode de « Jean Prost ». Cette année encore cela semble avoir bien fonctionné car une ruche forte avec 8 cadres de couvains séparée en trois ruchettes le 01 avril m’a donné  deux ruchettes de 6 cadres très active mises en ruche mi- mai et une autre sur 5 cadres  mise en ruche au  retour du beau temps. Mon rucher est donc actuellement composé de 8 ruches, 3 sont en production de miel et 5 sont construction variant actuellement lors de la dernière visite de 5 à 6 cadres de couvain. Une hausse sera posée sur ces  ruches le moment opportun. Les ruchettes divisées ont été traitée avec des languettes api-var restantes de l’automne 2015. Quelques-unes  de ces colonies  se développeront plus vite que d’autres et obtenir quelques cadres garnis et operculés dans une hausse me sera possible vers la fin juillet, mais mon objectif premier est  de réussir à les élever et à les accompagner pour qu’ils puissent affronter leur premier hiver et démarrer l’année prochaine dans de bonnes conditions afin de  produire  pour partie  mes essaims de 2017 et du miel de façon répartie. A ce jour le rucher école et ses encadrants répondent toujours présents pour des conseils, des conférences, des démonstrations, des approvisionnements groupés, la formation à l’élevage de reines et c’est bien sécurisant.

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