11 Février 2013 article du D.L. => ENVIRONNEMENT : Un plan de développement durable de l’apiculture a été dévoilé hier
ENVIRONNEMENT : Un plan de développement durable de l’apiculture a été dévoilé hier
Les abeilles battent de L’aile…
Le taux de perte moyen des abeilles en France est de 30 %. Dans les zones éloignées des terres agricoles, il baisse à 10-15 %.
Photo DL Fabrice HEBRARD
Indigestion de pesticides ?
L’hécatombe dans les ruches devient alarmante et met en péril notre alimentation. Hier, dans la, Sarthe, au chevet des abeilles malades, le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a dévoilé son plan pour la filière apicole.
Il faut sauver le soldat abeille… Hier, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a présenté un plan de développement durable de l’apiculture pour 2013-2015. II faut dire que les abeilles tombent comme des mouches et que la filière connaît une grave crise avec une production divisée par deux entre 1995 et 2012, s’établissant aujourd’hui à 16 000 tonnes.
Les insecticides de la famille des néonicotinoïdes seraient à l’origine de l’hécatombe. Les insectes perdraient la tête sous un effet « Alzheimer », les empêchant de retrouver leurs ruches et causant des taux de mortalité important dans les colonies (Ndlr, la perte est aujourd’hui évaluée en France à 30 % par ruche).
Situation d’urgence
« II y a urgence. Même si cela fait 17 ans, lors de l’arrivée des néonicotinoïdes, que l’on tire la sonnette d’alarme », explique Olivier Belval, président de l’union nationale des apiculteurs de France.
L’enjeu économique, agricole et environnemental est de taille. Vital ? Si les infatigables travailleuses venaient à disparaître, notre alimentation de produits végétaux se réduirait de 80 %. Kiwis, tomates, concombres, oignons… La plus grande partie de nos fruits et légumes serait impactée. Notre bol alimentaire se réduirait aux maïs, blé, riz… Un régime qui ne fait pas rêver. « La production agricole baisserait au moins de 35 %. Cela entraînerait un manque à gagner pour l’agriculture française de 2 milliards d’euros », souligne Olivier Belval.
La fin des abeilles aurait également un effet sur de nombreux écosystèmes. La flore sauvage qui nourrit de nombreux animaux dépend également de la pollinisation des insectes.
Hier, Stéphane Le Foll a annoncé qu’il mobiliserait 40 millions d’euros provenant de fonds nationaux et européens pour ce plan de sauvegarde de la filière apicole.
Parmi les 115 actions proposées par le ministère de l’Agriculture, celles concernent l’impact des pesticides sont nombreuses. Des efforts sont ainsi annoncés pour mieux évaluer les risques des pesticides. Le plan admettant ainsi dans ce domaine des connaissances « lacunaires »… «Le Gaucho, ce n’est pas beau. Le Regent, c’est méchant. Et le Cruiser, c’est l’enfer… Certes, mais après ? », s’amuse à dire Joël Schiro le président du syndicat des producteurs de miel de France. « Moi, je parle plutôt d’une catastrophe écologique globale dont on ne connaît pas le processus. Car les abeilles disparaissent également dans les montagnes éloignées des zones agricoles polluées».
Une arnaque
Stéphane Le Foll n’a apparemment pas convaincu les apiculteurs inquiets. Même si le ministre a annoncé que les méthodes d’évaluation des pesticides seraient améliorées. « Le processus d’homologation de ces poisons, par exemple, est une arnaque », s’emporte Joël Schiro. Son homologue de l’UNAF Olivier Belval est, lui, resté sur sa faim: « La suppression en France des néonicotinoïdes n’a pas été annoncée. II s’agit de ‘mesurettes’. Nous savons que la moitié de la perte dans les ruches provient de ces produits. Avec ce plan, on jette l’argent par les fenêtres. On pousse les apiculteurs au casse-pipe ».
Patrice BARRÈRE
LE MONDE 09.02.2013 : Un plan de soutien contre le déclin de l’apiculture
Un plan de soutien à l’apiculture sans mesures de sauvegarde pour les abeilles. C’est ainsi que pourrait être jugé le plan triennal de soutien à la filière apicole détaillé vendredi 8 février au Grand-Lucé (Sarthe) par le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll.

Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, lors de sa visite d’une ferme apicole au Grand-Lucé (Sarthe), le 8 février. | AFP/JEAN-FRANCOIS MONIER
La filière se porte mal. Avec sa diversité climatique et géographique, la France pourrait devenir un grand pays apicole. Pourtant, les Français importent plus de la moitié du miel qu’ils consomment : la production hexagonale a reculé de 28 % entre 2004 et 2010 ; dans le même temps, le nombre de ruches a chuté de 20 % et celui des apiculteurs de 40 %. Chaque année, ils sont plus de 4 500 à cesser leur activité.
Faute d’aides et de financements, à la différence d’autres secteurs, « l’apiculture est restée à l’écart du formidable élan de développement de l’agriculture européenne ces cinquante dernières années », selon le ministère de l’agriculture.
A l’occasion de ce déplacement dans son département de la Sarthe, M. Le Foll a détaillé des objectifs ambitieux. Il s’agit d’inciter plusieurs milliers de jeunes professionnels à se lancer dans cette activité afin de parvenir à l’installation d’un million de colonies d’abeilles supplémentaires sur le territoire.
Une enveloppe de 40 millions d’euros a été débloquée pour la formation initiale et la formation de techniciens spécialisés. Ces mesures doivent favoriser la structuration de la profession, la promotion des produits de l’apiculture (miel, gelée royale), l’amélioration des circuits de distribution et la mise en place d’une filière compétitive d’élevage de reines.
EFFORT PORTÉ SUR LA GÉNÉTIQUE ET LA SANTÉ DE L’ABEILLE
L’un des instruments de cette professionnalisation de la filière apicole est le jeune Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation (Itsap). Ce dernier organisait, mercredi 6 et jeudi 7 février, ses premières journées de la recherche apicole. « L’un des premiers objectifs de l’Itsap est de produire des données économiques, sanitaires, etc. », explique François Gerster, inspecteur général de santé publique vétérinaire, chargé de mettre en œuvre le plan du gouvernement.
Aujourd’hui, l’obtention de données fiables, couvrant l’essentiel du territoire national, relève de la gageure. « Un grand nombre d’études diverses sont menées sans coordination, explique M. Gerster. Cela crée des cimetières de données », contenant des informations pas forcément exploitables.
L’Itsap permettra en outre de piloter des appels à projets de recherche dont le but sera, par exemple, d’apporter des éléments de réponse aux questions posées par les acteurs de la filière.
L’accent est mis sur la génétique et la recherche sur la santé de l’abeille, avec la lutte contre ses pathogènes et ses prédateurs naturels : le varroa, le frelon asiatique, etc. Et, bien sûr, sur l’insurmontable équation de la cohabitation entre les espèces pollinisatrices et l’agriculture intensive, dont les hectares de monocultures gorgés d’insecticides gagnent du terrain.
Stéphane Le Foll veut créer un observatoire des résidus de pesticides dans l’environnement de l’abeille (pollen, nectar, etc.). Ce projet-là passe mal auprès des professionnels. « Cela fait dix-sept ans que nous observons l’impact des pesticides sur nos ruches et il y a eu beaucoup d’études scientifiques pour corroborer nos alertes, dit Olivier Belval, président de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf). Aider financièrement une filière qui subit une énorme hémorragie d’abeilles ? Autant jeter de l’argent dans un puits sans fond ! »
UN MORATOIRE DE DEUX ANS POUR TROIS INSECTICIDES ?
En janvier, l’Autorité européenne pour la sécurité des aliments (EFSA) a rendu un rapport très critique, indiquant que trois des molécules les plus controversées, appartenant à la famille des néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame), présentaient des risques importants pour les abeilles. En conséquence, la Commission européenne a proposé l’instauration d’un moratoire de deux ans pour les trois insecticides en question, sur certaines grandes cultures (maïs, soja, colza, etc.). Les Etats membres ont jusqu’à fin février pour en débattre. Vendredi, M. Le Foll n’a pas abordé ce problème, préférant se retrancher derrière la future décision européenne.
Les apiculteurs réunis au sein de l’Unaf ont de leur côté déjà annoncé qu’ils ne se satisferaient pas de cette proposition. Ils souhaitent l’interdiction totale et définitive de ces produits phytosanitaires systémiques, soupçonnés d’être la cause majeure du déclin des abeilles domestiques et des pollinisateurs sauvages.
Stéphane Foucart et Martine Valo
De moins en moins de miel
Production
18 300 tonnes de miel ont été produites en France en 2010, en recul de 28 % par rapport à 2004. Dans le même temps, les importations de miel ont augmenté de 50 % et dépassent 25 000 tonnes par an.
Consommation
40 000 tonnes de miel ont été consommées en France en 2010, en stagnation au cours des dernières années.
Petites exploitations
Le nombre d’apiculteurs exploitant moins de 30 ruches a baissé de 40% entre 2004 et 2010.
Ces apiculteurs familiaux représentaient 91% des exploitations et 19% de la production de miel en 2010.
Grosses exploitations
Le nombre d’exploitations de plus de 300 ruches a baissé de 12 % entre2004 et 2010.
Exploitants
Plus de 4 500 d’entre eux cessent leur activité en France chaque année.
Pour consulter l’article sur le site : Planète
Samedi 09 mars 2013 PREMIERE TRIBUNE APICOLE RHONE-ALPES
Annonce de la Tribune Apicole organisée par la FARA , ouverte à tous.
